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5 juillet 2013 5 05 /07 /juillet /2013 15:11
Siberia (Pilote)

Lost Story

Sur le lointain territoire de Toungouska, en Sibérie, 16 candidats de télé-réalité sont expédiés dans cette zone anéantie en 1908 par une énorme explosion, suite à l'impact d'une mystérieuse météorite avec la Terre. Quand l'un des participants est grièvement blessé, et qu'aucune aide n'arrive, l'inquiétude monte d'un cran. D'autant que certains événements ne semblent pas liés au show. Face au danger, les compétiteurs doivent se serrer les coudes pour survivre...

Quoi de plus jouissif que d’imaginer des candidats de téléréalité livrés à eux-mêmes dans un milieu hostile, luttant péniblement pour leur survie face à des menaces aussi bien naturelles que surnaturelles ? Vous en avez rêvé, Siberia l’a presque fait. Presque, car il s’agit bien sûr d’une fiction, d’une fausse émission empruntant malicieusement tous les tics visuels et narratifs des cartons d’audience de type Survivor. Un générique qui ne présente que le prénom des comédiens, une musique guerrière, un montage musclé, une image lisse comme du papier glacé et les fameuses interviews face caméra, véritable fléau de la télévision moderne, dans lesquelles les protagonistes sur-commentent les images jusqu’à la nausée.

Siberia (Pilote)

Il y a, dans ce premier épisode, un aspect parodique indéniable jouant sur un décalage subtil. Ce décalage n’existe presque pas à l’écran (du moins pas dans la première partie de ce pilote) mais s’insinue bel et bien dans la tête du téléspectateur. C’est une sorte de parodie studieuse qui suit à la lettre les règles de ce qu’elle parodie en nous laissant le soin de nous élever au-dessus des images pour y déceler le second degré. Tout juste pousse-t-elle le bouchon un peu loin dans son jeu sur les caricatures sociales et anthropologiques (le vieil aigri baroudeur, le badass solitaire, l’écolo à dreads qui aide le geek à lunettes, les crêpages de chignons, l’intello qui cite ostensiblement Sa Majesté des Mouches etc.). Mais c’est encore une fois de l’ordre du glissement quasi imperceptible. A tel point d’ailleurs, et c’est le revers de la médaille, qu’après avoir souri durant les vingt premières minutes, on commence doucement à s’ennuyer jusqu’à…jusqu’à ce que les choses partent en vrille. Ce grain de sable, cette bifurcation narrative, vient tout faire exploser et semble célébrer la toute puissance fictionnelle. Il me semble alors que la série pose cette question éminemment salvatrice et réjouissante : puisque la Real TV est de plus en plus scénarisée et codifiée, pourquoi ne pas tout simplement laisser la vraie fiction reprendre le dessus ? Et c’est exactement ce qui se produit. L’effet est saisissant même si l’on peut logiquement émettre des doutes sur la capacité à surprendre sur le long terme. Quoi qu’il en soit, cela fonctionne dans ce prologue.

Siberia (Pilote)

Certes, Siberia n’est pas un concept sériel novateur, loin s’en faut. Du film Running Man aux récentes séries Dead Set et The River, les influences sont nombreuses. Mais jamais la fiction ne s’était à ce point inoculée dans un pastiche aussi ressemblant. Tant et si bien que, pour nous Français, la résonnance est terrible si l’on songe au récent mort sur le tournage de Koh Lanta. La boucle est bouclée. La série, avec son jeu de massacre inspiré autant de Lost que de Dix Petits Nègres, semble nous inviter à nous extirper de cette médiocrité visuelle et brûler une bonne fois pour toutes cette « réalité » sur l’autel de la fiction. Autrement dit, si Nabilla vous brouille l’écoute avec ses expressions téléphonées, il y a fort à parier que vous ne décrocherez pas de Siberia.

La Note: 3.5/5

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