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17 mai 2013 5 17 /05 /mai /2013 19:12
The Fall (Pilote)

Murder et Scully

Lorsque les investigations de la police nord irlandaise sur une série de meurtres n'avancent pas, une enquêtrice est envoyée à Belfast pour suivre l'affaire de plus près.

Aaaaaaahhhhh…Dana Scully. Ses cheveux auburn ensorcelants, ses petits mollets potelés mis en valeur par une jupe tailleur stricte et son autorité naturellement sexy resteront à jamais gravés dans l’imaginaire des fans de la série X-Files. Son interprète, Gillian Anderson, s’est faite plutôt discrète depuis l’arrêt de la série il y a un peu plus de dix ans. Quelques apparitions tout de même au cinéma et à la télé des deux côtés de l’Atlantique (elle a un lien avec l’Angleterre depuis l’enfance). Mais contrairement à son partenaire David Duchovny avec Hank Moody (Californication), elle ne s’est pas encore réinventée dans un personnage marquant susceptible de faire oublier l’agent du FBI la plus célèbre de la planète. Néanmoins, après un rôle remarqué dans la récente série Hannibal, et avant sa participation à Crisis sur NBC l’année prochaine, la voici donc de retour au premier plan dans ce polar sauce british en cinq épisodes mettant en scène la traque d’un serial killer qui terrorise les jeunes femmes de Belfast (Jamie Dornan, vu dans Once Upon a Time).

The Fall (Pilote)

Anderson campe avec conviction une super-intendante qui débarque pour mettre de l’ordre dans les actions de la police locale afin de coincer ce meurtrier. Il y a indéniablement du Scully chez cette Madame Propre psychorigide du ménage, peu aimable, rigoureuse dans son travail et bien déterminée à boucler cette « affaire non classée ». Mais avec une approche du personnage typiquement anglaise, brute et sans fard, dévoilant notamment les premières rides de l’actrice dans un souci d’authenticité bienvenu qui s’accorde avec l’esthétique d’ensemble.

The Fall (Pilote)

Bien entendu c’est sombre, l’atmosphère est lourde et la pluie n’est jamais bien loin. Tout ce que l’on aime dans les séries anglaises. Sauf que le réalisme habituel se pare ici d’une mise en scène élaborée et réfléchie qui brouille les pistes, non pas au niveau de la trame policière puisque le visage du tueur est connu dès le début, mais plutôt dans le rapport entre les deux personnages. Ainsi, sans jamais se croiser physiquement dans ce pilote, le montage n’a de cesse de les lier de manière étrange et parfois saisissante. Par exemple ils font souvent les mêmes choses au même moment (se regarder dans un miroir, prendre des notes…) et lorsque l’un ouvre une porte, c’est l’autre qui passe le seuil dans le plan suivant, à tel point qu’on a l’impression qu’ils se situent dans le même espace. Ces multiples parallélismes lancent parfaitement le compte à rebours avant la probable confrontation finale.

The Fall (Pilote)

Mais ce n’est pas le plus troublant. Si nous nous identifions aisément et logiquement au personnage d’Anderson, tout est fait également pour que l’on se mette à la place du tueur. Dès la première scène, la caméra nous place dans la position inconfortable du voyeur menaçant. C’est comme si nous étions derrière une porte, épiant Anderson en pyjama en train de récurer sa salle de bain. Un peu plus tard, la caméra subjective associera notre regard à celui du meurtrier. Ce dernier, loin d’être diabolisé ou associé à la figure du fou solitaire, mène d’ailleurs une vie familiale banale que l’on peut associer facilement à la nôtre. Voilà ce qui fait le sel de ce polar au début prometteur : ausculter la frontière ténue entre le Bien et le Mal et s’imaginer pouvoir « chuter » du mauvais côté. Fascinant.

La Note: 4/5

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