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16 décembre 2010 4 16 /12 /décembre /2010 17:23

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La cité de la musique

 

Les auteurs du court-métrage Music for on apartment and six drummers ne réussissent qu’à moitié leur passage au format long. Une curiosité assez réjouissante tout de même.

 

Le pitch : L’officier de police Amadeus Warnebring est né dans une illustre famille de musiciens. Ironie du sort, il déteste la musique. Sa vie bascule le jour où un groupe de musiciens déjantés décide d’exécuter une œuvre musicale apocalyptique en utilisant la ville comme instrument de musique... Il s’engage alors dans sa première enquête policière musicale...

 

Mon avis: Il y a dix ans, Ola Simonsson et Johannes Stjärne Nilsson réalisaient "Music for one apartment and six drummers", un court-métrage de dix minutes primé dans plus de trente festivals et devenu culte au fil du temps, notamment grâce à l’avènement des moteurs de recherche vidéo. S’il n’était pas à proprement parlé expérimental, ce film offrait tout de même une expérimentation visuelle et musicale étonnante et terriblement efficace. Pour résumer, six « terroristes musicaux » investissaient un appartement, laissé vide par ses propriétaires âgés, pour y donner, avec des objets du quotidien, un concert en quatre mouvements (cuisine, chambre, salle de bains et salon). Le principe, hautement ludique, a malheureusement été repris depuis dans de nombreuses pubs pour des casseroles ou autres réjouissances de type culinaire. Les pubards ont toujours le chic pour exploiter et ruiner les bonnes idées.

Il n’empêche, les deux auteurs ont donc décidé de remettre le couvert mais cette fois-ci en élargissant leur horizon, offrant ainsi aux « Six Drummers » une ville entière à dévaster le temps d’un long-métrage. Cette transposition ambitieuse et gonflée est très réjouissante, dans un premier temps en tous cas. La première moitié du film procure en effet un sentiment d’euphorie dû une combinaison d’heureux éléments : l’originalité du propos (des terroristes veulent libérer la ville de la musique d’ascenseur), un humour à froid savoureux (la présentation des personnages notamment), une musique influencée autant par le rock des seventies que par Kraftwerk, et l’intrigue policière symbolisée par le formidable personnage d’Amadeus(!) Warnebring, flic anti-musique amoureux de la chef des terroristes. Ce personnage est peut-être la plus grande trouvaille des auteurs, du moins dans l’optique d’un développement satisfaisant d’une intrigue plutôt maigre. Grâce à lui, tout se justifie. Il est même caractérisé par un gag sonore hilarant, qui non seulement est inédit au cinéma, mais qui en plus a une fonction diégétique très importante puisque cela va lui permettre de résoudre son enquête.

Hélas, le contrat n’est rempli qu’à moitié. Car passés les deux premiers numéros musicaux (il y a quatre mouvements comme dans le court-métrage), on est très vite déçu par la tournure des événements. D’une part les deux derniers morceaux manquent cruellement d’inventivité, d’autre part le récit patine et s’achève dans une sorte de happy end aussi naïf qu’ennuyeux. Et puis surtout, ce qui dérange, c’est que la ville censée être le terrain de jeu de ces musiciens déjantés est en réalité très peu exploitée et se résume à un hôpital, une banque, un auditorium et une centrale électrique. C’est peu. En voulant transformer une ritournelle sympathique en symphonie, les auteurs se sont un peu perdus et ont finalement dilué la fraîcheur et l’originalité de départ. Cela ne doit pas vous empêcher d’aller jeter un œil curieux sur cet ofni qui change de l’ordinaire cinématographique. Bien au contraire.

 

Au cinéma le 29 décembre 2010

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