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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 17:12

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Jamais sans mon fils

 

Du sous Apatow, avec un duel John C.Reilly/Jonah Hill qui tourne court et s’embourbe dans des considérations psycho-émotionnelles lourdingues. Grosse déception.

 

Le pitch: Sept ans après son divorce, John est toujours célibataire. Il a cessé de croire à l’amour. Cédant à son ex-femme, Jamie, devenue sa meilleure amie, il accepte à contrecœur de les rejoindre, elle et son fiancé, à une fête. A la surprise générale, John y rencontre une femme, la belle et dynamique Molly. Entre eux, c’est le coup de foudre. Pourtant, John va vite découvrir qu’il existe un autre homme dans la vie de Molly : son fils de 21 ans, Cyrus, avec qui elle entretient une relation hors norme. Prêt à tout pour protéger sa mère, le jeune homme n’a pas du tout envie de la partager, et encore moins avec John. C’est le début d’une guerre. Il ne pourra y avoir qu’un seul vainqueur...

 

Mon avis: N’est pas Judd Apatow qui veut. Non content de mettre devant leur caméra pas moins de quatre acteurs vus ou aperçus dans les films du gourou comique américain, les deux frangins Duplass s’échinent en plus à vouloir creuser le sillon d’une nouvelle sorte de comédie dramatique déjà tracé, de manière très prononcée et avec plus ou moins de réussite, par Apatow dans Funny people. Cette opposition entre un quadra qui veut enfin grandir et un jeune homme qui refuse de quitter sa mère avait effectivement le potentiel "mélancomique" des meilleurs œuvres de l’auteur de 40 ans toujours puceau.

Malheureusement c’est raté. Avec leurs velléités réalistes traduites par une caméra parkinsonienne et des zooms sauvages, les Duplass tentent de sonder maladroitement l’intensité des rapports humains soumis aux traitements surréalistes de situations comiques...qui ne le sont pas tant que ça. En fait, ils échouent sur les deux tableaux et laissent le spectateur le cul entre deux chaises. L’humour famélique et la mélancolie grossière de Cyrus ont également troublé les acteurs qui semblent absents parfois, en tous cas bien mal dirigés. Nous attendions une autre performance de la part de John C.Reilly et de Jonah Hill, mais est-ce vraiment de leur faute ? Leur affrontement n’est pas bien exploité et ne monte pas crescendo comme on pouvait l’espérer. A bien y réfléchir, et à tous points de vue, Cyrus est un Greenberg raté. Le récent film de Noah Baumbach bénéficiait en effet d’une puissance comique et dramatique indéniable en plus de l’interprétation inspirée de Ben Stiller. Tout ce que Cyrus n’a pas. Au vu du synopsis et du casting, c’est l’une des grosses déceptions de la rentrée. Mieux vaut se rabattre sur l’excellente comédie de Kevin Smith sous influence Apatow, Zack et Miri font un porno, malheureusement sortie directement en DVD chez nous, et dont je vous parlerai prochainement.

 

Cyrus de Jay et Mark Duplass, avec John C.Reilly, Jonah Hill et Marisa Tomei, sortie le 15 septembre 2010.

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3 septembre 2010 5 03 /09 /septembre /2010 14:25

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En roux libres

 

Road movie/Roux movie qui ne sent pas tant le roussi que ça. Premier long-métrage intéressant mais finalement assez sage de Romain Gavras.

 

Pitch : Patrick et Rémy n’ont ni peuple, ni pays, ni armée : ils sont roux. Ensemble, ils vont combattre le monde et sa morale, dans une quête hallucinée vers l’Irlande et la liberté.

 

Mon avis : Franchement on pouvait craindre le pire. Les dernières productions de Romain Gavras s’étaient, à notre avis, éloignées de l’esprit originel de Kourtrajmé, dont le rejeton du réalisateur de Z est issu. Originalité, absurdité, humour, mise en scène inventive et punchy, avaient permis à ce collectif de définir les contours d’une mythologie réjouissante de la banlieue. Puis vint Stress, le clip de Gavras pour Justice, il y a deux ans. Grosse polémique, les deux membres du groupe semblent dépassés par les événements tandis que le jeune cinéaste se réfugie dans le silence, préférant laisser toutes les interprétations et autres récupérations (par le FN notamment) se propager comme de sales virus. Sans doute inconscient du tort qu’il a pu causer, Gavras s’est surtout fourvoyé dans les clichés d’une autre mythologie, celle du journal de 13h de TF1.

 

Heureusement, rien de tout cela dans ce premier long-métrage, qui dépasse largement les deux premiers essais de son collègue Kim Chapiron, le foutraque Sheitan et le banal Dog pound. L’intelligence de Gavras est d’avoir su déplacer sa caméra dans la région Nord en créant une inquiétante étrangeté sans pour autant jouer sur les fantasmes populaires inhérents à cette région. Comme il le faisait justement pour la banlieue avec Kourtrajmé. Le climat du film est joyeusement malsain, le cinéaste faisant montre d’un humour féroce servi par le cabot Cassel (sosie saisissant de Daniel Emilfork dans la dernière partie) et d’une poésie visuelle désespérée grâce notamment à un sens du cadre épatant. Le délire paranoïaque et gentiment absurde des deux protagonistes relève plus de la maladie mentale que d’une quelconque persécution anti-roux. Ne nous y trompons pas, l’histoire qui nous est contée n’est en aucun cas une parabole sur l’intolérance. Non merci, ce n’est pas le lieu pour cela. C’est avant tout une histoire qui nous dépeint la relation ambigüe entre deux hommes qui finissent par s’envoyer en l’air, mais pas comme on aurait pu l’imaginer. Le tandem Cassel/Barthélémy est remarquable et s’inscrit dans la lignée du duo des Valseuses Depardieu/Dewaere (le personnage de Cassel ne s’appelle pas Patrick pour rien). C’est à se demander si Romain n’est pas plutôt le fils de Bertrand Blier !

 

Un léger bémol vient tout de même gâcher l’affaire. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, et contrairement à ses ambitions revendiquées, Gavras est resté plutôt sage dans sa volonté de bousculer les repères du spectateur. Certes, au fil du métrage, le cinéaste tend vers l’abstraction mais pas assez à notre goût. De la gentille provoc’ et une conduite de récit raisonnable rendent ce premier essai tout à fait fréquentable, loin du foutoir que nous ne souhaitions pas, mais également loin des théories « révolutionnaires » de l’auteur que nous espérions voir illustrées à l’écran. La prochaine fois peut-être ?

 

Notre jour viendra de Romain Gavras, avec Vincent Cassel et Olivier Barthélémy, sortie le 15 septembre 2010. 

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1 septembre 2010 3 01 /09 /septembre /2010 11:20

Au milieu des années 80, le cinéaste Rob Reiner (« Quand Harry rencontre Sally », « Misery ») tournait son premier long-métrage, « This is Spinal Tap », un faux documentaire sur la vie mouvementée d’un groupe de hard rock écervelé. Irrésistiblement drôle, le film est rapidement devenu culte. 25 ans plus tard, Sacha Gervasi nous propose un autre documentaire tout aussi tordant mais cette fois-ci complètement vrai.

Franchement, à part les purs et durs, qui se souvient d’Anvil (« Enclume », tout un programme…) ? Le nom semble certes familier et l’on se rappelle vaguement cette anecdote sur un guitariste qui jouait avec un godemiché sur scène, mais c’est tout. Effectivement, l’Histoire du rock n’a pas été tendre avec ces pionniers du métal. Véritable référence pour les Metallica, Slayer et compagnie, le groupe n’a pourtant jamais connu le succès de ses rejetons. C’est pourquoi Gervasi, fan de la première heure et jeune roadie lors d’une tournée mémorable, a décidé de retrouver les deux membres fondateurs d’Anvil, Steve « Lips » Kudlow et Robb Reiner (à ne pas confondre !), 30 ans après les grandes espérances de leurs débuts. Et là, surprise ! Non seulement le groupe existe toujours, mais ils croient encore en leur chance de succès et prépare même un treizième album studio. C’est le début d’une sorte d’odyssée de la lose incroyable, marquée par les jobs miteux des musiciens, les concerts dans des petits clubs locaux devant un parterre réduit de fans hardcore qui boivent de la bière par le nez (si si !), une tournée désastreuse en Europe de l’Est organisée par une admiratrice incompétente, des engueulades, des problèmes d’argent, etc…

Le fait que l’histoire qui nous est contée soit réelle aurait pu déclencher une forme de sarcasme ou de pitié cynique malsaine. Mais il n’en est rien et ce sont plutôt des rires admiratifs qui nous déploient la gorge. Impossible ne pas être touché par l’immense ferveur qui anime ces deux quinquas talentueux (car ils le sont vraiment) qui ne vivent que pour la musique et dont le seul tort aura été de ne pas savoir jouer le jeu du show business alors que la gloire leur tendait les bras. Est-ce vraiment un tort d’ailleurs ? Quoi qu’il en soit, nous sommes sonnés par l’humanité débordante de ces grands ados et par la passion - au sens de souffrir pour ce que l’on aime - qui les habite. On assiste, qui plus est, à une histoire d’amitié (voire d’amour) profondément marquante. Le « casting » ne pouvait pas être plus efficace, avec d’un côté l’exubérance enfantine de « Lips » et de l’autre la sagesse timide de Reiner. Voir « Lips », au bord des larmes, hurler à un Reiner boudeur un « Coz I love you man ! », après une dispute d’anthologie, est un très grand moment de cinéma.

On regrettera tout de même les occurrences musicales « tristes », censées souligner l’émotion de certaines situations qui n’en avaient vraiment pas besoin. Gervasi aurait dû faire confiance jusqu’au bout à cette histoire forte qui ne nécessitait aucun artifice. En revanche nous lui sommes reconnaissants d’avoir eu l’intelligence de s’effacer devant son propos et d’avoir laissé ses anecdotes personnelles avec le groupe dans le dossier de presse et non sur l’écran. Grâce à lui, et à un montage et une construction remarquable, « Anvil » est désormais un rockumentaire essentiel qui donne la foi, peu importe en quoi.

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