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28 juin 2013 5 28 /06 /juin /2013 10:25
Under the Dome (Pilote)

L'allégorie du Poisson Rouge

Les habitants d’une petite communauté se réveillent un matin, coupés du monde et piégés dans la ville à cause d’un immense dôme transparent. Certains tenteront, de manière dissimulée, de tirer profit de cette situation inquiétante et inexpliquée, afin de prendre le pouvoir. Mais une résistance va s’organiser autour d'un vétéran de la guerre en Irak, pour empêcher ces personnes malveillantes de parvenir à leur fin.

Annoncée comme le poids lourd sériel de l’été, Under the Dome avait mis toutes les chances de son côté pour truster les audiences. Créée par le scénariste d’une poignée d’épisodes de Lost, l’une des séries les plus connues au monde; coproduite par Steven Spielberg, cinéaste le plus connu au monde ; réalisée (du moins le pilote) par Niels Arden Oplev, metteur en scène de Millenium d’après le best-seller le plus connu au monde ; et adaptée d’un roman de Stephen King, l’écrivain le plus…ok je crois que vous avez compris. Spectaculaire, intrigante et suffisamment prometteuse, la série n’a d’ailleurs pas raté son entrée puisque c’est déjà un carton outre-Atlantique. M6 peut se frotter les mains. La chaîne historiquement fidèle à King (elle a diffusé tous les looooongs téléfilms issus des romans de l’auteur) a d’ores et déjà acquis les droits. Avons-nous pour autant affaire à une bonne série ? Pour le moment, le « oui » l’emporte timidement. Explications.

Under the Dome (Pilote)

Des personnages isolés de force, obligés de s’unir face à une menace invisible malgré des histoires personnelles et des motivations singulières, cela ne vous rappelle rien ? Un beau gosse blond hors-la-loi et un chauve qui se prend pour un leader charismatique (la preuve, il lit une biographie de Churchill!), non plus ? Vous l’aurez compris, la série nage dans les eaux tranquilles des côtes balisées de l’île de Lost. Nul doute que les salmigondis religieux sur le châtiment divin et la rédemption vont pleuvoir à l’intérieur du dôme pour compléter le tableau. Cela ne veut pas dire que ce pilote est désagréable à suivre. Les différents arcs narratifs se mettent en place de manière fluide et la tension consécutive à cet événement hors du commun est savamment dosée et nous tient en haleine. De même, les personnages et leurs secrets parviennent à nous captiver un minimum grâce notamment à leurs interprètes, Mike Vogel et Dean Norris en tête. Le premier volait récemment la vedette à Freddie Highmore dans Bates Motel et le second, faut-il le préciser, campe magistralement le beau-frère de Walter White dans Breaking Bad. Tout juste pouvons-nous regretter les liens grossiers et artificiels qui lient tous ces personnages entre eux. Mais cela changera quand David Simon sera aux manettes d’un blockbuster…c’est-à-dire jamais.

Under the Dome (Pilote)

En réalité, ce qui fait à la fois la force et la faiblesse d’Under the Dome, c’est sa propension à s’inscrire dans la lignée d’œuvres typiquement américaines empreintes du sempiternel thème de l’isolationnisme (cf. Lost, Last Resort, Revolution etc.). Les américains n’ont besoin de personne, y compris pour se faire du mal. Ainsi, une fois de plus, on assiste à une sorte de masochisme nombriliste dans lequel des personnages sont enfermés sur eux-mêmes, au propre comme au figuré, obligés d’affronter l’Autre mais aussi leurs propres démons, pour finalement prouver qu’ils peuvent s’en sortir tout seul. Il y a bien évidemment un aspect « Loi du plus fort » (le fameux Survival of the fittest) doublé d’une concession aux expérimentations rances de Real TV, sans doute préalablement digérées en son temps par King. Une curieuse allégorie nous est d’ailleurs offerte dans un des dialogues, arguant que des poissons rouges dans un bocal finissent par bouffer les mourants pour survivre. CQFD. Le dôme est un bocal à l’envers et l’Homme devient un poisson rouge pour l’Homme, sans doute parce que sa mémoire de la civilisation est plus prompte à s’estomper dans l’adversité. C’est une thématique toujours intéressante et il y a fort à parier qu’elle donnera lieu à des conflits épiques entre azimutés du bocal. Profitons donc de cet honnête divertissement, amusons-nous à développer les traditionnelles théories (le dôme comme bulle spéculative), mais ne soyons pas dupes, on reste tout de même dans le domaine du radotage. Ceci dit, et pour conclure, mieux vaut une série qui bégaie qu’une série qui n’a rien à dire.

La Note: 3.5/5

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